J'ai décidé de commencer à écrire. Un blog me paraît une bonne idée. Je l'appelle « Ava en vie ».
Pourquoi ? Parce que mon prénom, Ava, de l'hébreu Haya, signifie « vivre ».
Sophie, ma soeur, est décédée il y a un an et demi. Elle s'est suicidée. Elle a fait ce choix et ça a été pour moi le début d'un questionnement existentiel sur le fait d'être en vie. Pourquoi suis-je en vie ? Quelle différence cela ferait-il si je n'étais plus là? Quel est le sens de la vie ?
Je me suis rendue compte que je ne vivais pas. La mort de ma soeur m'a fait prendre conscience que je survivais dans un environnement qui ne me convenait pas. Pourquoi ? Pour faire comme tout le monde. Pour avoir un travail, gagner ma vie, réussir ma « carrière ». Mais dans le stress et sans joie, ou presque. Pressurisée par le perfectionnisme que je m'imposais. Incapable de laisser mon âme me guider, de faire confiance à ce que je suis en tant que personne, à mon intuition. Déconnectée.
En octobre 2016, 3 mois après la mort de Sophie, je vais voir une médium sur le conseil d'une amie qui avait «vu» Sophie – elle me dit que depuis toute petite, elle voit «les âmes» des défunts. Je ne la crois pas, je ne peux pas la croire. Mon «rationnel» me dit «c'est impossible». Puis, je me dis : "Ava, imagine que ce soit vrai, ça serait quand même vraiment stupide de ne pas tenter d'entrer en contact, non ?" Je pense à la série Ghost whisperer où une médium aide les âmes à délivrer un dernier message à ceux qu'elles laissent derrière elles avant de partir dans un autre monde. Les vivants ne veulent jamais y croire au début et les téléspectateurs se disent "tu la vois pas, mais elle est là ! Ouvre juste ton esprit" et on est tous content quand la personne en deuil accepte finalement le contact. Je me dis "peut-être que Sophie a besoin de me parler pour continuer son voyage". A ce moment dans ma vie, je suis déjà dans une quête d'ordre spirituel qui m'a amenée a m'intéresser au bouddhisme, et l'idée de la réincarnation me parle. Je décide donc d'essayer.
La médium, entre autres informations incroyables sur la vie après la mort, me transmet le message suivant de ma soeur: «Ava, maintenant, il faut arrêter le contrôle. Mets 2-3 culottes dans un sac à dos, une brosse à dent, un peu de dentifrice - ça sera toujours pratique - et pars 7-8 mois marcher. Te donner la liberté d'être. ça ne sert à rien de courir comme tu le fais. Tu vis à moitié trop vite. (...) Tu n'as rien à avoir peur de ce qui pourrait t'entourer. Tout ce dont tu as besoin va arriver au bon moment. (...) Pars marcher seule, ... pour apprendre à avoir confiance en toi et en la vie. »
C'est une révélation. Le message vibre tellement juste que je me donne les moyens et je pars, en avril 2017, sur les chemins de Compostelle.
Mains rebondissements sur ce chemin. Un chemin de transformation. De prise de conscience de ma lumière, de mon ombre, de mon potentiel, des obstacles que je sème sur mon chemin. Parce que les obstacles que l'on rencontre, ce sont nous qui les créons. Je cherche, je cherche. Bouddhisme, hindouisme, christianisme, anthropologue des pratiques spirituelles, pourquoi la prière, pourquoi les mantras, pourquoi la méditation ?
Et j'en viens à comprendre que tout est en moi. Je sais déjà mais je ne me fais pas confiance. La recherche prends gentiment moins de place. Comment mettre en pratique ? Comment incarner ce que j'ai compris ? Et là. Je me heurte à mon masochisme. Je me heurte à « je ne suis pas capable ». Et aujourd'hui, enfin, je prends mon ordi. Et j'écris.
Etre en vie. Être créative. Ne pas subir, mais créer sa vie, à l'image que l'on souhaite. Je suis responsable de ce qui arrive dans ma vie. Waouh. Révélation. Peur. C'est moi qui créé tout ça ? Je fais un choix, et ça a une conséquence ? Je vais à droite, et... les conséquences suivent. Comment créer ce que je veux ? savoir ce que je veux ? Et le manifester dans le concret ? Pour vivre et non pas survivre ?
Vivre, c'est vivre sa légende personnelle, comme le dit merveilleusement Paolo Coehlo. Sans se contrôler, sans se pressuriser, sans se pousser, sans se «donner des coup de pieds aux fesses» mais seulement par amour pour soi, agir. Agir, à chaque instant, pour créer sa vie.
Vivre, c'est se sentir léger. C'est se sentir plein d'énergie. C'est se lever le matin, comme quand on était enfant et se dire «super, une nouvelle journée, je me réjouis !» et être plein d'entrain.
Vivre, c'est ne pas abdiquer. Ne pas se soumettre aux «je dois», aux «il faut». Mais, avec un sourire malicieux, se dire «j'ai envie», et se l'autoriser. Car sinon, on pète bientôt tous un câble.
Hier soir, je n'arrivais pas à dormir à cause de crises d'angoisse et je suis tombé sur ce blog, plus particulièrement sur un article qui parle de la conscience égotique.
Cela m'a beaucoup aidé à me calmer et je me rends compte qu'un nouveau chemin s'ouvre à mes yeux afin de vivre et non survivre, comme tu le dis dans cet article.
En tout cas, merci beaucoup
Gaël
Coucou Heidi, merci pour ton commentaire ! Le livre que tu lis semble riche, ça me fait penser à "Mange, prie, aime" d'Elisabeth Gilbert, qui partage aussi un voyage en Italie, Inde et Indonésie, une quête de sens après un divorce douloureux. C'est un livre qui m'a ouvert à la spiritualité. Je trouve que de lire les récits autobiographiques de personnes parties en quête est très inspirant. On se sent proches de ces personnes qui se livrent en toute humilité à nous. Heureusement que nous pouvons partager nos histoires de vie et s'inspirer les uns des autres, c'est très riche. Au plaisir de te revoir bientôt !
Coucou Ava, Nathalie m'a parlé de ton blog que je découvre à l'instant. Elle m'a dit que ça m'intéresserait certainement....gagné! Je suis en train de lire un livre intitulé Seper Hero, une jeune femme de 22 ans, chez qui on découvre une sclérose en plaque....une SEP......qu'elle va transformer en .....Super Envie de Partir. Un voyage d'une année en 3 temps et 3 régions du monde:
1° La Nouvelle Zélande pour randonner et soigner son corps
2°La Birmanie dans des monastères pour découvrir le Bouddhisme et soigner son esprit
3°La Mongolie pour soigner son âme
J'en suis à la Mongolie et je chemine avec elle.......c'est très inspirant et confrontant bien sûr.....
Et je me réjouis de cheminer au gré des partages…
Merci à toutes ! :-) La citation de Garaudy, c'est exactement ce que j'essaie de dire :-) Elle résume tout ça très bien ! "Danser sa vie", c'est beau ! A chaque instant.
Ava, tout ce que tu écris me fait penser à cette citation de Roger Garaudy. Je te la transmets parce qu'elle fait écho à la beauté de ce que tu dis: "Danser sa vie, c'est se situer au point d'émergence d'un avenir en train de naître et de participer à sa création". Ce que tu fais avec ton blog, c'est exactement ça, qu'en penses-tu?